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Pichet au bouilleur de cru
Prévelles 1886
Louis-Léopold Thuilant
Col. Musées du Mans
La Sarthe, riche en gisement d'argile, fait partie des départements français où la poterie a été très importante.
Plus de quarante centres potiers se sont développés au cours des siècles dans cette ancienne province du Maine mais au delà de l'importance quantitative, c'est surtout la qualité de la production de certains centres comme Ligron, Bonnétable, Prévelles ou Malicorne qui fait de ce département un des lieux majeurs de la céramique française.

Les traces de poterie remontent à la préhistoire et la production locale est bien attestée dans l'antiquité et au Moyen-Âge mais l'âge d'or de la poterie sarthoise semble être surtout les XVII et XVIIIème siècles.

On doit cependant mentionner la statuaire religieuse sarthoise en terre cuite du XVIème siècle qui a produit des statues qui comptent parmi les chefs d'oeuvre de la renaissance (voir à ce sujet l'exposition virtuelle du Service de l'Inventaire général du patrimoine de la région Pays de la Loire.

Les centres potiers se répartissent principalement en deux ensembles:

  • au nord ouest, les potiers de Tuffé, Prévelles, Aulaine, Bonnétable, Connerré... sont unis par de nombreux liens familiaux,
  • au sud est, Cérans-Fouilletourte, Pontvallain sont influencés par Ligron tandis que Malicorne devient un des hauts lieux de la faïence.
Il faut bien sûr ajouter à ces centres Neuvilette où la production a surtout été marquée par Antoine Chambre qui a réalisé une production importante dans la deuxième moitié du XIXème siècle.

Antoine Chambre est avec Louis-Léopold Thuilant, Pierre-Innocent Guimonneau de la Forterie, Léon Pouplard, Prudence Drouard, Emile Tessier un des nombreux potiers qui donnent à la production de la Sarthe une place majeur dans la céramique française.

Pour aller plus loin sur la poterie sarthoise, lire " Potiers et faïenciers de la Sarthe"ouvrage collectif sous la direction de Mme Combes-Mésière et M Galbrun-Chouteau, ed de La Reinette 2002.

 
 
 
Historique des sifflets dans la Sarthe:

Le sol de la Sarthe n'a pas livré de témoignage de sifflets antérieurs au XVIIIème siècle. Un sifflet gallo-romain a été trouvé en 1905 en Mayenne entre Laval et Le Mans. Malheureusement, aucun dessin n'existe de ce sifflet et le site ("une haie en bordure d'un champ à la surface duquel on rencontre de nombreuses briques") n'a pas fait l'objet d'autres études. Il est donc impossible de confirmer cette datation même si les membres des sociétés savantes de l'époque n'auraient pas présenté un sifflet moderne à leurs pairs.

L'importance de la production dès le XVIIIème laisse supposer que cette fabrication était bien antérieure. En effet, à Ligron, de nombreux cochelins (petites soupières utilisées pour la quête auprès des invités d'un mariage) de la fin du XVIIIème sont ornés de petits oiseaux siffleurs.

A Prevelles, Pierre Lapoutoire est déclaré en 1833 comme "marchand de petits sifflets". Il est issu d'une lignée de potiers qui sont cités au long du XVIIIème comme potiers et marchands et possèdent une aisance certaine venant peut-être du commerce de ces sifflets. En effet, des sifflets du XVIIIème trouvés lors des fouilles du Louvre à Paris et qui viennent sans doute de Prévelles peuvent laisser supposer que ce commerce de sifflets était déjà important à l'époque.

 
 


Sifflet globulaire trouvé cour Napoléon au Louvre
deuxième moitié 18ème S.
Terre blanche tête glaçurée jaune.


A la différence d'autres régions, la production de sifflets à Prévelles a été très tôt destinée à être vendue à l'extérieur du département.

Cette production a été effectivement très importante et les sifflets de Prévelles sont vendus au XIXème siècle dans une grande moitié ouest de la France.


Sifflet globulaire trouvé lors de fouilles aquatiques à Crécy
18ème S. ?
Terre blanche.
 
 
L'importance de cette production de "coucous" de Prévelles à la fin du XIXème et au XXème siècles a réduit l'image de la production de sifflets de la Sarthe à ces seuls modèles. Plusieurs sifflets témoignent pourtant que la production sarthoise a été beaucoup plus variée que la production "industrielle" des coucous et a été souvent de grande qualité.
 
 
 

Cochelin daté de 1752 ou 1792.
Terre crème devenue jaune sous le vernis plombifère et rehaussée de filets violines. Le corps globulaire, doté de deux oreilles de préhension à motif trifolié, est orné de deux rangs losangés encadrant une inscription peu lisible ainsi que la date « 1752 ou 1792 ». Sur le couvercle sont modelés quatre chiens et quatre oiseaux faisant office de sifflet. (Manque au rebord du couvercle.) Sarthe - Ligron XVIIIe siècle H : 19,5 - D : 14 cm
© Martine HOUZE
Les traditions:


Il n'y a aucune tradition attestée documentée en Sarthe concernant l'utilisation des sifflets.

La présence d'oiseaux siffleurs sur les cochelins de Ligron montrent que ces oiseaux étaient des symboles de fertilité.

De même, on peut s'interroger sur l'utilisation des pichets siffleurs en forme de chien fabriqués également à Ligron.

Si aucune foire au sifflet n'est citée dans la Sarthe, les sifflets sarthois ont été vendus dans les autres provinces à l'occasion des pardons de Bretagne ou des pélérinages du Sud-Ouest.