: novembre 2003

 
  Circonstance de découverte:

Ce sifflet a été trouvé sur une brocante par un collectionneur. Le tuyau était bouché par de la terre et le marchand ne comprenait pas à quoi cette petite "cruche" percée pouvait servir.

Description générale:

La forme de ce sifflet est très particulière. Le sifflet se comporte d'une boule ouverte sur le haut. Sur le bord de cette ouverture est fixé un cylindre d'un centimètre environ percé d'un trou de 3 mm de diamètre. Un trou de jeu s'ouvre sur chaque coté mais celui à gauche est bouché.
Une petite anse est fixée à l'arrière. Le sifflet est en argile rouge à grès avec une glaçure au laitier.

Novembre 2003: le sifflet du mois
L max: 9,6 cm
H max: 8.7 cm
D max: 6,7 cm
Col. privée
 
  signature: Solano
Signature sous la base
Le décor:

Le sifflet est peu décoré. Seuls des traits rayonnant autour des trous évoquent un soleil.

Sous la base se trouve une marque difficile en première approche à lire.

 
  Etude de l'objet:

La typologie: Ce sifflet est évidemment de type globulaire. Il se rapproche dans le fonctionnement des modèles de métal connus sous le nom de sifflets de bosco ou de marine.

Le son est un peu étouffé et le trou de jeu permet de varier sa hauteur d'un ton.

 
  Analyse:

Aucun mystère sur l'origine de ce sifflet. Ce modèle est caractéristique de la Puisaye. Dans l'ouvrage de Marcel POULET "Poteries et potiers de Puisaye et du Val de Loire XVIème-XXème S. (2000)", l'auteur décrit ce sifflet dans la catégorie des appeaux:

"Sifflets en forme de boule surmontée d'un petit tuyau. Permettaient d'imiter le chant des oiseaux. Parfois un trou supplémentaire permettait d'obtenir deux tons différents. Appelés"cocottes" par les potiers".
 
  C'est l'auteur de cet ouvrage qui a permis d'identifier le potier auteur de ce sifflet. Il confirme qu'il s'agit bien d'un "coucou" fait vers 1960 par François SOLANO, potier à la Bâtisse (village de Moutiers). Le monogramme correspond aux initiales FS.

François Solano, né en 1921 en Espagne, se réfugie en France en 1939 où il s'engage dans l'armée française. Prisonnier en 1940, évadé, c'est en Puisaye qu'il trouve refuge et entre dans la résistance.
Après des études artistiques à Paris après guerre, il travaille à l'atelier de La Bâtisse avec Louis Cagnat, héritier d'une des plus grandes familles de potiers du nord de la Puisaye.
Il reprend l'atelier au décès de celui-ci, devenu son beau-père depuis 1948.

10 générations de Cagnat sont connues comme potiers depuis le début du 17ème siècle. Le sifflet est une de ces pièces inscrites dans la tradition locale.

 
 

Col. privée
Un sifflet semblable trouvé ensuite dans une autre collection privée présente un monogramme plus lisible et de plus il porte la signature "solano".  
  Si l'origine géographique de ces sifflets est connue, l'histoire de cette forme est mystérieuse.

Ce modèle de sifflet est connu en métal depuis le Moyen-Âge mais aucun sifflet en terre cuite semblable ne se rencontre pas dans les autres régions de France ou d'Europe.
Aucun sifflet de ce type antérieur au 19ème siècle n'a été pour l'instant trouvé en fouille aussi est-il impossible de connaître l'ancienneté de ce modèle.

Seuls quelques sifflets trouvés aux Pays-Bas et datés par certains auteurs des 9 ou 10ème siècles utilisent cette technique du tuyau fixé sur une sphère. Aucun sifflet ultérieur aux Pays_Bas ne permet de penser que cette forme a continué.

 
 
Col. Fries Museum Leewarden
Photo Catalogue "Opgedolven Klanken" Drents museum

Col. Fries Museum Leewarden
Photo Catalogue "Opgedolven Klanken" Drents museum

 
 
Email au laitier
Col privée.

Si le passé de ce modèle est incertain, la forme continue a inspirer les potiers contemporains de Puisaye comme en témoigne un sifflet en forme d'oiseau ou la sphère forme le corps de l'oiseau et le tuyau le cou et la tête.

Deux anses latérales forment les ailes.

Ce sifflet a été fabriqué par Jean-Claude Seguin (né en 1954) potier à Saint Vérain dont la production est inspirée des pièces traditionnelles de Puisaye.