: Mai 2004

 
  Mai 2004: le sifflet du mois Aux nombreux amis belges de ce site. Merci pour leur aide et leur soutien.
Un merci tout particulier à Olivier Dinant pour ses précieux renseignements.

 
  Circonstance de découverte:

Ce sifflet a été trouvé en Belgique par un collectionneur d'instruments de musique anciens.

Description générale:

Le sifflet est en forme d' arrosoir". En réalité, il s'agit d'une forme globulaire sur socle surmontée d'un bouton triangulaire avec un sifflet inséré. Cinq trous sont percés sur le dessus.

Le décor:

Ce sifflet est en céramique émaillée en orange. Deux bandes bordées de traits rouges sont laissées en blanc. La bande blanche supérieure porte l'inscription: "Ducasse de Messine MONS".

La bande centrale est décorée d'éléments variées: fleurs et jouets.

 
   
  Etude de l'objet:

La typologie:

Il s'agit d'un sifflet à eau. Les trous sur le dessus sont des trous de remplissage.

Les inscriptions du sifflet offre tous les renseignements sur la fabrication et l'utilisation de ce sifflet.

Sous le sifflet est marqué l'année "1939" et le nom du fabriquant "BOCH Frères". La signature H Léonard se trouve au milieu du décor à coté d'un lampion.

Le fabricant:

La famille BOCH a commencé à produire de la poterie au Luxembourg en 1767. Après la séparation de la Belgique et du Luxembourg en 1839, la famille s'est installée en Belgique et en 1841, elle a fondé la fabrique Kéramis dans un hameau à 15 kms de Mons. Avec le développement de l'entreprise, c'est une ville qui va naître et prendre le nom de la Louvière, la louve étant le symbole de Boch Kéramis.

Pendant quelques temps, la production a consisté en faïence imitant Rouen ou Delft. C'est en 1906, quand Charles Catteau devient directeur artistique de l'entreprise que la compagnie va créer son propre style de céramique. Sa production est influencée par le Japonisme, l'Art Africain, le Cubisme et Avant-gardisme. L'apogée de cette création sera la période Art Déco.

Marque BOCH Frères
 
 
Signature 1938 H.Léonard
Boch frères
Maison Jean Lescart

Henri Léonard est un dessinateur wallon qui a illustré dans les années 1920-1930 plusieurs livres sur le folklore de Mons. On lui connaît une autre création chez Kéramis: une assiette de 1938 "Le combat du Lumeçon".

Enfin, la maison Jean Lescarts est le dernier élément a expliquer sur le cachet du sifflet. Il ne s'agit pas du nom du fabricant comme il serait tentant de le croire. Cette maison est bien connue dans la ville de Mons. Il s'agit de l'infirmerie d'un ancien couvent construite en 1636.

C'est depuis 1931 le siège de l'association "Jean Lescarts" dont le but est de réunir dans cette maison les collections d'art et les documents intéressant le folklore montois.

Ce sifflet est donc comme l'assiette de 1938 un objet réalisé pour cette association et sans doute mis en vente pour financer celle-ci. Dans les deux cas, ces objets ont été édités à l'occasion de fêtes de Mons: l'assiette pour la Ducasse de Mons et le rossignol pour la Ducasse de Messine.

 
 

Carte postale Musée du Folkore et de la vie Montoise
"GAYOLLES" ET SIFFLETS DE MESSINES MONS
Ville de Mons et communauté française

La Ducasse de Messine et ses objets fétiches:

Le nom de Ducasse se retrouve en Belgique et dans le nord de la France. Il vient de la "fête de la dédicace", c'est à dire la commémoration de la dédicace d'une église à son Saint Patron. Avec les siècles, cette fête de la paroisse est devenue simplement la "ducasse".

A Mons, le "ducasse de Messine" se déroule le troisième weekend de mars. Elle rappelle un pélérinage à Notre-Dame de Messines qui avait lieu à l'église paroissiale de Saint Nicolas du faubourg de Bertaimont. Le culte était centré autour d'une image mariale apportée de Messines-lez-Ypres.

Ce pélérinage est mentionné dès 1620 dans les archives mais la fête s'est sans doute fixée dans sa forme actuelle au 19ème siècle. Elle attirait des foules importantes de Belgique et de la France voisine.


 
  Comme dans toutes les fêtes et rassemblements importants, de nombreux vendeurs de petits jouets pour les enfants s'installaient sur place le jour du pélérinage. Plusieurs de ces objets sont devenus des symboles de cette Ducasse.

Ces jouets étaient autrefois fabriqués par des Messinois pendant l'hiver. Vendus pendant la ducasse, ils assuraient ainsi à leurs auteurs un petit revenu complémentaire. Ce sont ces objets qui décorent le tour de notre sifflet.

 
 

Le moulin : ossature d'osier et de bambou recouverte de papier coloré, agrémenté de petites ailettes (jadis fabriquées avec des cartes à jouer) qui tournent au vent.  
 

La gayole : petite cage de bois contenant un oiseau stylisé. Cet objet rappelle les cages à pinson autrefois suspendues aux façades des maisons.  
 

Le WaWa : petite boîte cylindrique en carton fermée d'un seul côté, recouverte de papier peint et relié à un bâton par une ficelle. En faisant tourner la boîte autour du bâton, on produit un son semblable à l'aboiement d'un chien.  
 

Le Sôdart : petit soldat de bois sculpté à la main, habillé de différents uniformes des régiments casernés à Mons.  
 

le rossignol : le sifflet à eau objet de cette page.

 
  Les fleurs:

D'autres marchands vendaient violettes et jonquilles cueillies dans ce faubourg de Bertaimont alors rural. Les pelerins achetaient ces bouquets pour offrir à Marie.

 
  Les arrosoirs Les ferblantiers et les zingueurs obligés de chômer en hiver fabriquaient de petits seaux et arrosoirs qu'ils vendaient aux pélerins afin de subvenir aux besoins de leur familles.

 
  De nombreuses autres traditions se rattachent à cette Ducasse. Elles continuent d'évoluer aujourd'hui. De nos jours, cette manifestation florale et musicale se prolonge une semaine. Une visite sur le site de la ville de Mons vous permettra ainsi d'en savoir plus sur les aventures de Biloute et de sa famille de Géants. Les renseignements de ce site très riche ont servi de base à cette recherche.

 
 

Carte postale de 1904
Détail
La Ducasse de Mons.

Mons est surtout connue pour une autre ducasse qui se déroule chaque année en juin le dimanche de la Trinité. Le cortège de Sainte Waudru (patronne de la ville) et son combat du Lumeçon en sont les éléments principaux.

A cette occasion, une foule immense se rassemble pour participer à ces festivités et si les sifflets en terre cuite ne sont pas à l'honneur de cette fête, la fête bat son plein dans les rues.

Ces traditions remontent au Moyen-Âge et une visite sur le remarquable site de cette ducasse s'impose.

La visite de ce site vous donnera sans doute envie d'aller à Mons redécouvrir le sens de la fête que les Belges ont si bien conservé depuis le Moyen-Âge.

 
 
Sifflet à eau
Sirault
fin 19 début 20ème S.
Terre cuite vernissée
Col. particulière
les modèles anciens:

Les membres de l'association J Lescarts ont-ils décidés en 1939 de faire fabriquer des sifflets pour redonner vie à cette tradition? Seuls les vieux montois pourraient répondre à cette question.

Le modèle choisi s'inscrit parfaitement dans la continuité des modèles fabriqués au début du 20ème siècle à Sirault. Le musée du folklore et de la vie montoise présente dans une vitrine un sifflet de 1939 et plusieurs sifflets anciens.
D'autres modèles sont connus pour cette région. Le nombre de trous de remplissage est variable comme la forme du bouton.

Ces sifflets sont les héritiers des sifflets en forme de chouette connus dans les anciens Pays Bas depuis la fin du Moyen-Âge.

Sifflets à eau
Début 20ème
Col. particulière

 
  Le sifflet du mois de mai rappelle une fête toujours vivante. Esperons que les visiteurs du site seront nombreux à faire la fête à la Ducasse de Messine ou/et à la Ducasse de Mons.

C'est dans les fêtes vivantes d'aujourd'hui que les sifflets en terre cuite retrouvent leur fonction et cessent d'être des objets de vitrine de musée pour être les témoins d'une culture vivante.