Circonstance de découverte:

Ce sifflet se trouve dans une collection privée. Il a été acheté dans les années 1970 par un touriste au Portugal.

Description générale:

Ce sifflet représente une famille de poule sur un socle. La poule précède ses deux poussins et à l'arrière se dresse un petit coq. Des demis arcs de cercles entourent le socle. Les poussins sont placés à l'intersection de ces cercles.

Le sifflet est en bon état.

Il mesure 13,7 cm de long, 11,1 cm de haut et 7,5 cm de large.

Le décor:

Le sifflet est en terre blanche peinte à froid avec une peinture de type acrylique. Les couleurs de base sont le rouge, le rose, le jaune et le vert.

Sous le socle est imprimé un tampon: ROSA CÔTA

La typologie: Ce sifflet illustre parfaitement la catégorie B4 de Mme Nixdorff des figurines à sifflets sur socle. Le sifflet est placé à l'avant de la figurine.

Le sifflet étant petit et de faible diamètre, le son est très strident.

Ce sifflet porte la signature de son auteur et ce modèle illustre de nombreux articles sur les sifflets aussi n'y a-t-il aucun mystère sur son attribution. De plus, le coq est tellement devenu emblématique des poteries du Portugal que ce modèle de sifflet fait tout de suite penser au village de Barcelos où ces figurines sont encore aujourd'hui modelées. Le choix de ce sifflet comme sifflet du mois est l'occasion de présenter les sifflets portugais qui font l'objet d'une recherche plus approfondie dans les pages sur le Portugal.

une production féminine:

Plusieurs familles de potiers traditionnels sont connues au cours du 20ème siècle jusqu'à nos jours. Les figurines étaient le plus souvent réalisées par les femmes pendant que les maris tournaient les pièces plus importantes et parcouraient les foires du pays.

Aujourd'hui la production continue mais les figurines sont plus grandes, ce sont moins souvent des sifflets et depuis les années 1960, la clientèle a changé: les touristes et les collectionneurs ont remplacé les enfants.

De même, après s'être transmise de mère en fille pendant des générations, les petits-fils et arrière-petits-fils ont repris le flambeau. Angelica Lima CRUZ, dans une étude sur cette production, pose une question qui mérite réflexion:

"Est-ce que la fabrication des figurines d'argile était peu considérée parce qu'il s'agissait d'un travail féminin ou bien est-ce que les femmes les fabriquaient car ce travail était modeste?"

Rosa Côta.

Rosa Côta (Rosa Da Rocha) est née à Santa Maria de Galegos (commune de Barcelos) vers 1904 d'un père potier João Domingos da Rocha (Domingos Côto). Elle commence à modeler des figurines dès l'âge de 15 ans. Son frère, João Côto a également fabriqué des figurines. Leur père est le créateur dans les années 1930 du célèbre coq de Barcelos.

Elle se marie à Edouardo Fernandes de Souza, aussi connu pour sa production de rossignols. Sa belle soeur, Maria Sineta, faisait également partie des créatrices de figurines de Barcelos.

Les modèles traditionnels de Rosa Côta sont les coqs, les poules et leurs poussins mais aussi les boeufs et les musiciens.

Il est très difficile de dater les sifflets des potiers de Barcelos pour le 20ème siècle car comme Rosa Côta, beaucoup des autres femmes qui les fabriquaient dans les années 1970 ont commencé après 1914. Ainsi, les sifflets portugais du Musée de Berlin datés de 1936 sont identiques à des sifflets achetés dans les années 1970 ou 80.

Cependant, le sifflet du mois porte un tampon ce qui est caractéristique de la production tardive de ces artistes:

"Je n'aurais jamais signé mon travail. J'aurais eu honte. Ce sont eux (les acheteurs) qui me l'ont demandé" Ana Baraça 1995

Rosa Côta est décédée vers 1990 mais sa fille Júlia Côta avait depuis longtemps repris la tradition des sifflets et figurines. Son autre fille Emilia Côta continue aussi à produire les fameux coqs de Barcelos.

Les sifflets de Barcelos sont produits selon les trois techniques classiques.

Le moulage:

Le modelage

Le tournage

Rosa Côta a été avec Misterio et Ana Balada le témoin de l'évolution au 20ème siècle de la production de ces figurines.

Jusqu'à la crise de 1929, cette production était destinée à produire des jouets vendus par les potiers lors des foires et pélérinages où ils vendaient la vaisselle et ces jouets.
Ce fut une époque de très grande pauvreté pour la communauté potière. Dans les années 1960, l'invasion de la céramique industrielle et du plastique a tué la production traditionnelle de vaisselle.

En même temps cependant et aussi avec le tourisme, la fabrication des figurines a commencé à être reconnue. Ces potiers sont sortis de l'anonymat et certaines sont même devennues de véritables vedettes.

Rosa Côta est pourtant une des dernières à avoir produit des sifflets dans la tradition.